Y a t il meilleur moment qu’un jour de pluie pour se pencher sur le récit du voyage de Friedrich à Cracovie ?! Un peu plus d’un an après la découverte de la République Tchèque à travers Prague, voici Friedrich parti arpenter les rues de Cracovie, l’ancienne capitale d’un pays voisin. Après un vol un peu mouvementé quoique très agréable à bord d’un embraer 170 aux couleurs de LOT, la compagnie aérienne nationale polonaise, froid, pluie et vent réunis ont chaleureusement accueilli l’ourson ! Qu’à cela ne tienne, refusant les avances d’un chauffeur de taxi qui finira par baragouiner dans un français approximatif «Vive la France ! », c’est en bus que Friedrich a rejoint le centre ville… après avoir composté son ticket, bien évidemment.
Première découverte : la place du marché, actuellement la plus grande d’Europe, qui abrite les impressionnantes halles aux draps (Sukiennice) dont l’emplacement et le réseau de rues ont été tracés en 1257.
C’est ici que l’on retrouve également la petite église de Saint Adalbert, la tour solitaire de l’hôtel de ville détruit au XIXème siècle, ainsi que la basilique Notre-Dame, l’un des symboles de la ville. En véritable professionnel, bravant tous les caprices du dieu Eole, Friedrich a réussi à prendre la pose devant l’objectif.
Mais voilà déjà que la lumière du jour disparait. Une soupe de betterave et hop, il est temps pour l’ourson d’aller regagner son lit ! Le lendemain matin, à peine réveillé, et après avoir constaté que la pluie n’a toujours pas cessé, Friedrich, en véritable professionnel du tourisme, décide d’aller visiter le Château de Wawel, ainsi que sa cathédrale, qui abrite les tombeaux de nombreux rois de Pologne et l’énorme cloche «Sigismond », qui résonne uniquement à l’occasion des évènements les plus importants pour la ville ou le pays. Le voici abrité sous l’une des arcades de la cour, prenant soin à ne pas abimer sa fourrure.
De la fameuse colline de Wawel, Friedrich observe la vue sur la ville, et découvre un escalier en colimaçon, qui mène dans ce qui fût, selon la légende, l’antre d’un dragon. Au VIIème siècle, celui-ci exigea des Cracoviens, sous peine de tous les exterminer, sept garçons et sept filles pour son repas. Le roi Krak, fondateur de la ville, eut recours au génie du cordonnier Dratewka qui lui donna à manger une peau de mouton bourrée de soufre. La bête fut prise d’une telle soif qu’elle but tant d’eau de la Vistule qu’elle explosa. Il en reste aujourd’hui la statue du fameux monstre qui se dresse fièrement devant sa grotte et que Friedrich n’a pas eu peur d’affronter, malgré sa taille ridicule face au géant de bronze.
Poussé par une soif de grandeur, il est même allé se frotter à ses griffes !
Les émotions, ça creuse. Voilà donc l’ourson reparti à travers la ville, à la recherche d’un café bien douillet. Pourquoi ne pas s’aventurer par la Voie Royale ? Cette dernière commence auprès de la Barbacane et de la porte Saint Florian, le seul fragment bien conservé des anciens remparts gigantesques (qui abritent aussi le Musée de l’Arsenal). Friedrich en profite pour redresser fièrement son nœud un peu défraichi par toutes ces visites.
Au détour d’une rue, l’ourson aperçoit le théâtre Slowacki… et reprends tout naturellement la pause !
C’est là qu’il apperçoit une affiche pour un concert de Chopin qui se déroulera demain soir dans un salon du très élégant Bonerowski Palace. Le rendez-vous est pris : impossible de quitter Cracovie sans se plonger, ne serait-ce que quelques heures durant, dans l’univers du plus célèbre compositeur et pianiste polonais du XIXème siècle. En attendant, retour à l’hôtel pour Friedrich, bien décidé à méditer un peu.
Dimanche matin, réveil aux aurores. Friedrich, un brin gourmand, décide de prendre un bon petit-déjeuner avant d’attaquer cette nouvelle journée. Un bol de lait et quelques tartines aux miel plus tard, le voilà parti à la gare dans le but de prendre un train pour Wieliczka, le village qui grâce à sa mine de sel, a fait la puissance des rois et la richesse de Cracovie.
En attendant le prochain train, Friedrich fait une halte au kiosque à journaux, et choisit un magazine qui ressemble étrangement au Voici français… Mais voilà que le train arrive. L’ourson s’installe confortablement. Il n’y a pour l’instant pas foule dans ce train aux couleurs pourtant chaudes.
Le Voici national s’appelle ici Party, et Friedrich ne peux s’empêcher de satisfaire sa curiosité pour la presse people. Aucune photo volée le concernant : c’est finalement tout ce dont l’ourson voulait s’assurer !
Après une petite demie-heure de route, Friedrich arrive devant la mine de sel, dont l’exploitation remonte au XIIème siècle.
La mine de Wieliczka, insolite et sublime, fascine par son originale beauté. Elle la doit a ses mineurs qui, de leurs propres mains, ont créé au fil des siècles, ce dédale unique au monde de chapelles sculptées dans le sel, de lacs souterrains et d’imposantes galeries. Avant de commencer la descente des 380 marches qui permettent d’accéder au premier niveau de la visite (à moins 64 mètres), le guide coiffé d’un casque de mineur compte le nombre exact de personnes qu’il fait entrer, et Friedrich ne déroge pas à la règle. Impossible de passer en douce la nuit dans les entrailles de la terre !
La descente des escaliers de la gigantesque chambre Pieskowa Skala est impressionnante. Admirez Friedrich en haut et aux pieds des marches.
Arrivé à moins 102 mètres, on accède à la majestueuse chapelle Sainte-Kinga, appelée aussi la cathédrale. Sa construction a démarré en 1896, et l’essentiel de ses fameux bas-reliefs date de l’entre-deux-guerres.
Un peu plus bas, le lac salé de la chambre Erazm Baracz fait miroiter son eau couleur émeraude, dont la teneur en sel est supérieur à celle de la mer Morte. Saturée en sel, l’eau du lac n’est plus capable d’en dissoudre et ne représente donc pas de danger pour la mine. Friedrich, ne reculant devant aucun danger pour un cliché de plus, s’installe sur les barrières, en prenant bien soin de ne pas tomber.
L’une des dernières chambres visitées est la chambre de Staszic, où les nazis installèrent en 1944 un atelier de moteurs d’avion dans lequel ils firent travailler des prisonniers juifs. Pas très loin de là, Friedrich découvre une sorte de train hors d’usage, et ne peux s’empêcher d’y fourrer son nez.
La visite terminée, la remontée à la surface du sol se fait par un ascenseur dont la rapidité semble irréelle après plus de deux heures passées dans les profondeurs !
Il est désormais l’heure pour Friedrich de regagner l’hôtel, histoire de se faire beau pour rejoindre un salon du Bonerowski Palace et aller écouter la toute jeune artiste Dobrochna Krowka, 21 ans à peine, interpréter quelques morceaux de Chopin. Préludes, nocturnes et études se succèdent, avec, derrière la pianiste, une vue sur la magnifique place du marché recouverte de pluie en ce soir de mars. Après le concert Friedrich a même eu le droit de s’installer un instant au piano.
Quelle journée riche en émotions ! Epuisé, Friedrich regagne son lit et ne tarde pas à s’endormir.Le lendemain, une grande partie de la journée sera consacrée à visiter le quartier Kazimierz, où chaque recoin respire l’histoire de la ville, celle des juifs polonais.
Après la tragédie de la seconde guerre mondiale et l’extermination du peuple juif par l’occupant nazi, ce lieu a été complètement déserté et est tombé en ruines pendant des décennies d’abandon. Mais le tournant des années 80-90 a apporté des changements qui ont entrainé un véritable essor de Kazimierz. Friedrich, passionné par la culture du peuple juif, a visité les nombreuses synagogues du quartier. Le voici devant la synagogue Tempel, édifiée vers 1860, et où se déroule chaque année l’inauguration du Festival de la culture juive.
L’après-midi, l’ourson regagne une nouvelle fois le centre ville, un peu plus animé. Le voici prenant une pause en regardant les calèches sur la place du marché, puis perché sur la fontaine du St Mary’s Square, une rue plus loin.
Le temps file et demain, le séjour en Pologne s’achèvera. Friedrich décide donc d’aller explorer un peu plus le quartier de l’Université où il n’a fait que passer ces jours-ci. L’Académie de Cracovie, fondée en 1364 par le roi Casimir le Grand, est la deuxième université d’Europe centrale, après Prague (1348) et devant Vienne (1365). Le Collegium Maius, inaugurée en 1400 en fut le prmier bâtiment officiel. Lorsque le futur plus célèbre élève, Nicolas Copernic, y arriva en 1491, la cour intérieure où l’on apperçoit aujourd’hui Friedrich n’avait pas encore pris la forme du cloitre gothique doté d’une magnifique galerie à arcades : celle-ci fut construite en 1492, après qu’un incendie eut ravagé le bâtiment.
Admirons également Friedrich un peu plus loin, dans la cour de la faculté de médecine.
La découverte de la ville s’achève dans un café de la rue Golebia, aux couleurs psychédéliques.
Quelle sera la prochaine destination de l’ourson, qui perché sur une boite-aux-lettres polonaise, nous salue d’un clin d’œil malicieux ?!